Le marché du cannabidiol regorge d’opportunités pour les investisseurs et les porteurs de projet… mais il présente aussi des risques liés à l’incertitude législative et à l’intensité concurrentielle.
#1 Opportunité : la demande ne faiblit pas !
Et c’est le moins que l’on puisse dire. Selon les chiffres d’une grande étude réalisée par Grand View Research, la France compterait quelque 7 millions de consommateurs réguliers ou occasionnels de produits à base de cannabidiol, soit plus de 10 % de la population. Aussi, l’Hexagone concentre 16 % de la demande européenne en produits de CBD. Plusieurs éléments du macroenvironnement expliquent cet engouement :
- Les propriétés relaxantes du CBD en font un allié précieux pour améliorer la qualité du sommeil. Selon le baromètre de Santé publique France, les Français ont perdu plus d’une heure et demie de sommeil en 50 ans.
- Le CBD a des propriétés antalgiques, ce qui en fait un remède naturel de choix pour soulager certaines douleurs modérées.
- On constate un effet « curiosité », sans doute alimenté par la diversification de l’offre : fleurs et feuilles de CBD, résines, e-liquides, huiles, desserts au CBD, etc.
Les magasins physiques et les boutiques en ligne ne manquent donc pas de débouchés.
#2 Opportunité : l’image du CBD s’améliore
Le cannabidiol souffre de son affiliation avec le THC, une molécule psychotrope extraite du chanvre. Cette idée reçue repousse certains consommateurs, mais aussi certains investisseurs et bailleurs de fonds. De l’avis du Comité Scientifique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le cannabidiol « ne présente pas de potentiel d’abus et ne semble pas être nocif pour la santé ». D’ailleurs, la molécule ne figure pas dans la liste des substances sous contrôle international de l’OMS.
L’image du CBD bénéficie également de l’engouement des scientifiques, avec de nombreux essais cliniques et expérimentations médicales en cours. D’ailleurs, le ministère des Solidarités et de la Santé a lancé une grande expérimentation du cannabis thérapeutique en mars 2021 afin d’évaluer le potentiel médical du CBD et du THC pour le traitement de certaines pathologies lourdes et soulager la douleur des patients. Olivier Véran, ministre de la Santé, a par ailleurs assisté à la toute première prescription médicale de CBD pour un patient épileptique au CHU de Clermont-Ferrand.
Enfin, certaines enseignes d’envergure nationale investissent le marché, ce qui permet de rassurer les consommateurs. Ainsi, Monoprix a ouvert un espace CBD dans les rayons « beauté » et « parapharmacie » de 250 magasins urbains. L’enseigne a même fait circuler un CBD Truck à Paris pour promouvoir sa nouvelle gamme.
#3 Opportunité : le coût de revient du CBD est intéressant
La France concentre plus de la moitié de la production européenne de chanvre industriel, plante dont est issue le cannabidiol. L’Hexagone occupe même la troisième place mondiale derrière la Chine et le Canada. La matière première, les produits semi-finis et les produits finis à base de CBD sont donc disponibles à un coût plutôt compétitif. Les professionnels n’ont donc aucun mal à trouver des fournisseurs pour leur achat de gros de CBD. La matière et les produits sont made in France, ce qui réduit drastiquement les coûts de transport.
#4 Menace : la concurrence s’accentue
Selon les chiffres du média LSA Conso, le nombre de boutiques spécialisées dans les produits à base de cannabidiol est passé de 400 en 2020 à plus de 2 000 en 2021. C’est une croissance de 500 % en à peine un an. Nous assistons également à l’explosion des boutiques en ligne spécialisées qui pratiquent des tarifs plus agressifs.
#5 Menace : l’incertitude juridique subsiste
Il n’y a pas vraiment de flou juridique à proprement parler autour du CBD. En effet, la molécule peut être commercialisée et consommée librement en France, à condition que le taux de THC soit inférieur à 0,2 %.
En revanche, les péripéties juridiques autour du CBD laissent craindre le pire aux professionnels du secteur. Il faut ici rappeler qu’un arrêté ministériel publié le 31 décembre 2021 est venu interdire la commercialisation des feuilles et fleurs de CBD brut… une décision rapidement suspendue par le Conseil d’Etat qui l’a qualifiée d’injustifiée. Même si les signaux législatifs sont au vert, le marché n’est pas totalement à l’abri de nouvelles restrictions dans un avenir proche. Enfin, cette turbulence se traduit également par la réticence des banques à financer les projets de CBD. Les investisseurs doivent souvent se résoudre à autofinancer leur projet ou à solliciter des banques étrangères.